Une société qui exclut qui que ce soit, c’est une société déjà malade.
Alexandre Jollien, philosophe
Caroline Mas a fait de son métier dans le transport pour personnes à mobilité réduite en Médoc un combat pour améliorer tout un système inégal, voire maltraitant, à l'image d'une société qui se proclame tolérante dans les mots, mais discrimine encore à ce jour une partie de sa population. Caroline et son associé Vincent ont travaillé 15 ans dans le secteur de la santé et du médico-social avant de créer C.V.M. T.P.M.R. (Caroline Vincent Mas Transport de Personnes à Mobilité Réduite).
"Il faut savoir que la situation est catastrophique sur l’ensemble du territoire pour les patients vulnérables, nous explique Caroline, ce qui peut être expliqué par la suppression progressive d’entreprises comme la nôtre, au profit de grosses structures appuyées par des lobbies puissants."
Caroline a donc décidé de poser ces maux dans un livre, sous le pseudonyme Marina Alonso, afin de sensibiliser le plus grand nombre et inciter les personnes à mobilité réduite à préférer un transport à taille humaine et des professionnels bienveillants. "HANDI BUSINESS - Les dérives du transport de patients" est un recueil de témoignages de passagers, dont la plupart raconte des expériences choquantes qui devraient faire réagir les plus hautes autorités.
Voici l'un de ces témoignages : |
"Mon père devait avoir 3 séances de kinésithérapie et d’orthophoniste par semaine : il fallait venir le chercher à la maison, l’emmener au centre médical et le ramener. Nous n’avons rien imposé et même précisé au transport que nous ferions en fonction de leur logistique pour caler les horaires des séances prescrites. Nous avons appelé plus d’une dizaine de sociétés d’ambulance, de transports handicapés et essuyé autant de refus que d’appels. Les refus ont été même assez violents ; certains m’ont raccroché au nez car ça ne les intéressait pas : pas assez rentable d’après eux. Surtout s’il n’est pas autonome avec son fauteuil, ils ne prennent pas. Et bien un handicapé n’est pas forcément autonome. Alors ou je n’ai rien compris ou c’est eux qui ne comprennent pas qu’ils ont à faire (sic) à des êtres humains juste différents !" |
"Mon quotidien est ainsi rythmé par des appels de patients en détresse, de familles qui ne trouvent aucun transporteur : souvent nous sommes la dernière des dernières solutions, déplore Caroline. La malveillance et la maltraitance sont des sujets tabous dans le milieu. Plusieurs situations peuvent amener à ces actes conscients ou inconscients. Nous sommes dans le transport d’humain et non de marchandise."
Comment fonctionne votre service de transport ?
Pour les transports médicaux, nous sommes sous dérogation locale et transitoire. N'ayant aucun cadre réglementaire, nous sommes uniquement autorisés à la prise en charge des personnes en situation de handicap physique (fauteuil roulant) en affection longue durée (ALD) à 100 %. Cela est donc très sélectif, bien que la réalité soit toute autre : beaucoup de patients éprouvent des difficultés à trouver un transport pour se rendre en soins.
Avez vous besoin de partenariats ou tout autre dispositif pour développer ce service à plus de patients ?
Nous sommes actuellement en partenariat avec des librairies locales pour promouvoir le livre afin que le message puisse être porté le plus loin possible, car ces situations peuvent arriver à n'importe qui et parce que c'est un sujet sensible de société.
Pourquoi pas une mobilisation à venir avec des patients et des professionnels du territoire pour montrer que sans des services adaptés, des personnes malades et en situation de handicap ne peuvent pas se rendre en soins ?
Nous sommes en train de mettre en place une animation de sensibilisation au handicap, gratuite, via notre association J'SUIS CAP pour la rentrée prochaine, à destination des établissements scolaires du secteur.
Où peut-on se procurer votre livre ?
Sur Amazon. Une partie des recettes issues de la vente du livre sera utilisée pour des projets inclusifs sur le territoire.
Infos pratiques
CVM TPMR à Castelnau du Médoc
Du lundi au vendredi 8h30 à 18h30
05 57 10 75 99
Propos recueillis par Celine Blanchet Lopez
Photo de couverture fournie par (c)Patrick BABOU, Studio Gabin Photographie