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Parempuyre : le projet d'usine d'EMME questionne beaucoup

Mercredi 18 septembre 2024 à l'Artyshow se tenait un forum public, spécifiquement sur “la gestion de la ressource en eau et la maîtrise du risque inondation”, dans le cadre du projet EMME dont nous parlions dans un précédent article.


Ce forum a rassemblé entre 150 et 200 personnes.


Un compte-rendu sera disponible sur le site du porteur de projet.


Un autre forum est prévu le 24 septembre 2024, au même endroit et mêmes horaires, portant sur la maîtrise des risques industriels, les résultats de l’étude d’impact et les bénéfices du projet. Nous invitons tous les citoyens à aller s’informer par eux-mêmes et à se forger leur opinion sur ce projet d’importance. D’autres réunions auront lieu plus tard, dans le cadre de l’enquête publique obligatoire, durant lesquelles le public pourra émettre des avis et arguments.



Panneaux explicatifs et volonté d'échange

Deux groupes de panneaux explicatifs avec les experts à proximité permettaient aux premiers arrivants de prendre connaissance de cartes et graphiques et de récupérer de la documentation.


Ces experts se sont présentés après une courte introduction de la modératrice, à commencer par le “tiers garant”, M. Erik LOOT, dont le rôle est de surveiller de manière impartiale, neutre et sans intérêt (au sens de bénéfice) le déroulement des réunions de concertation. Il précise que son rôle se focalise sur la “forme des débats et comptes-rendus, afin que le public dispose de l’information nécessaire pour comprendre le projet”.


M. Henri BISCARRAT, Chef de Projet France de EMME, représente l’entreprise porteuse du projet. Les autres experts et leurs cabinets ont également été présentés, hydrauliciens et concepteurs des installations.


M. BISCARRAT explique que tous les intervenants et leurs cabinets respectifs sont mandatés et rémunérés par le porteur de projet, EMME en l'occurrence, médiateur compris. “Cela se fait toujours ainsi.”


Circuit de l'eau et risques inondation

L’experte explique que 40% des besoins d'eau seront prélevés sur les rejets de la station d'épuration de Blanquefort, afin d’éviter des prélèvements dans la Garonne (potentiellement salée). Ce réemploi d’eau épurée présente une moindre complexité du procédé de traitement de l'eau nécessaire au processus industriel.


Un traitement complémentaire nécessaire génèrera des effluents qui seront rejetés dans la Garonne, équivalents aux effluents de la station de Blanquefort, sans rejets organiques. Au vu du débit de la Garonne, les rejets sont qualifiés d'infinitésimaux (extrêmement petits) et leur température sera au maximum de 30°C, comme l’impose la réglementation.


L’appréciation du risque inondation se base sur une maquette numérique, un modèle hydraulique, basé sur des éléments et des événements de référence (marées, altimétrie, digues, tempête de 1999 à laquelle ont été ajoutés 20 cm d’élévation prévisionnelle des eaux). L’étude à été poussée à la tempête 1999 + 120cm.


De nombreuses questions et interrogations

Parmi le public, il y avait des personnes bien informées, capables de relever des points techniques et de poser des questions pointues, telle Mme Florence BOUGAULT, administratrice à la Sepanso.


Si l’usine, tel un “château entouré de ses douves étanches” (comme l’a décrit une personne du public), était coupée du monde par les inondations et qu’il fallait porter secours urgent au personnel, comment ferait-on ? En barque, en barge ou en hélicoptère ?


L’experte explique qu’il y a une espèce de “bouton magique” qui stoppe tout net les réactions (“lixiviation” et “cristallisation” pour celles et ceux que cela intéresse) et qu’il n’existe aucun risque d’emballement du processus ni d’incendie. Elle invite à revenir le 24 septembre où il sera question des risques industriels.


Plus tard, la même experte nous apprend qu’une eau qui ne répondrait pas aux critères pour être rejetée dans la Garonne suivrait une filière de traitement “déchets”, qu’il faut encore rechercher.


La modératrice a plusieurs fois invité le public à rencontrer les experts sur leurs stands et à leur poser les questions. Sans résultat.


Autres points relevés et cités

  • Les hypothèses prises en compte dans les études doivent être rendues publiques.

  • Les experts s’en remettent à la réglementation et aux normes actuelles. Le renforcement des hypothèses se serait fait sous la pression du public durant les réunions précédentes. D’où l’importance de participer et si possible de s’impliquer lors de ces réunions.

  • La projection dans le temps et les simulations sont limitées et ne couvrent pas la “durée de vie de l’installation”.

  • La technologie à laquelle l’usine doit apporter des matières raffinées est en cours d’obsolescence, voire d’abandon par certains constructeurs automobiles, dont les Français !

  • Aucune étude sismique spécifique n’a été menée, la région bordelaise n’étant pas réputée à risque. Une participante relève que la Charente voisine a connu tout récemment un séisme dont les victimes se souviennent avec douleur...

  • L'intégralité des documents doit être transmise, rappelle M. LOOT ; ces derniers doivent néanmoins être finalisés (études terminées).

  • L'étude contradictoire du cabinet néerlandais est une caution supplémentaire destinée à assurer le "sérieux des études françaises".

  • Le risque d’eau polluée qui pourrait être relarguée dans la Garonne : il y a eu des précédents en Finlande, rapportés dans ce document, où “des millions de moules mortes flottent dans la rivière”, suite au déversement de sulfate de nickel.

  • La masse du remblai nécessaire reste à trouver, ainsi que son mode d’acheminement vers le site de l’usine.

  • Qu’en est-il du risque cancérigène des poussières ? Elles seraient toutes aspirées et lavées... à voir lors du forum suivant.

  • Les études de risques ne prennent pas en compte les aspects combinatoires de plusieurs incidents simultanés, ni la fonte accélérée des calottes glaciaires et leurs possibles conséquences.

  • Les effets inconnus du réchauffement climatique : la tempête prise en référence risque de ne plus être pertinente. Les inondations actuelles, exceptionnelles, dans les pays de l'est (notamment en Pologne) inquiètent.

  • Les assureurs pour l'entreprise sont encore recherchés, un courtier local est chargé de consulter les assureurs.

  • La valeur des biens immobiliers pourrait augmenter du fait de l’attractivité de l’usine.

  • Pourquoi le choix de ce site, en zone inondable, alors que de nombreuses autres friches industrielles sont répertoriées ?

  • Une entreprise de 18 mois d’existence qui porte un projet aussi ambitieux inquiète l'audience.

  • Quelles sont les subventions et leurs montants ? Le financement est public et français. M. Beurrier, le PDG, réside en Suisse, d’où la localisation de la holding. Il ne s’agirait pas de subventions mais de crédit d’impôts ; le dossier est déposé, le montant n’est pas encore connu.

  • Le minerai viendrait désormais d’Indonésie. Quid du bilan carbone global et du renvoi des déchets ?

  • Quid de l'indemnisation des habitants à proximité, lors d'une réunion privée. Remous dans la salle lorsque M. BISCARRAT réfute l’aspect “privé” : "Il s’agissait d’apporter des réponses aux questions spécifiques des riverains du site".

  • L’impact sur cette zone humide sera-t-elle compensée en termes écologiques ?

  • "Le jeu en vaut-il la chandelle ?” Quid du développement durable et de l'indépendance énergétique ?


On notera le peu de réponses aux interrogations du public lors de cette 4e réunion publique. Les experts ne sont pas nécessairement des communicants professionnels, il pouvait par conséquent leur être parfois difficile de trouver le bon niveau de vulgarisation ou de répondre autrement que par des faits techniques à des questions relevant plutôt de l’émotionnel.


Un participant à la salle : “Ne nous laissons pas diviser ! Protégeons notre fleuve et notre territoire !"





Un collectif appelle à signer une pétition et distribue des tracts

Durant les débats, un tract a été passé discrètement dans le public, sans que l’on sache immédiatement qui en était à l’origine. Un peu plus tard, un collectif “Alerte Seveso Bordeaux” s’est fait connaître en prenant la parole et en invitant à signer une pétition contre le projet.


Le collectif invite à une journée "portes ouvertes" au domaine de Vallier (44 avenue de Labarde) le 27 octobre prochain à partir de 14h, pour découvrir les analyses du collectif à propos de ce projet.


Ambiance dans la salle

L'ambiance dans la salle était neutre à “poliment hostile” (au sens d’être opposé). La modératrice a évalué l’ambiance à “légitimement inquiète”.


La Gazette recommande fortement de vous déplacer à la réunion du 24 septembre et d’embarquer voisins et connaissances. Il sera question de risques industriels, sujet bien plus large que celui couvert ce 18 septembre.


A noter que la date de dépôt de dossier visée pour le permis de construire est octobre 2024 ! Deux ans de construction sont prévus.


 

Par Christian Hohmann

Photo de couverture fournie par une participante, Frédérique Couvidou



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